
Prévention du tabagisme et sensibilisation du public en RDC
Alors que la prise de conscience mondiale des méfaits du tabac continue de croître, les facteurs en amont qui favorisent le tabagisme demeurent moins considérés. En République démocratique du Congo (RDC), ces facteurs comprennent la culture généralisée du tabac, les lacunes réglementaires et l’exposition persistante aux influences commerciales, en particulier dans les communautés rurales vulnérables.
Conformément à l’article 12 de la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac (CCLAT), qui souligne le rôle de l’éducation, de la communication, de la formation et de la sensibilisation du public dans la lutte antitabac, cette page met l’accent non plus sur les réponses réactives en matière de santé, mais sur la prévention proactive, en ciblant d’abord les causes profondes.
Elle présente un cadre en quatre volets, allant de la prévention primordiale à la prévention tertiaire, fondée sur des mesures stratégiques ayant démontré leur efficacité dans d’autres pays. S’appuyant sur les meilleures pratiques mondiales et des données empiriques, cette page met en évidence des pistes d’action concrètes pour la RDC afin de réduire la consommation et l’exposition à la fumée du tabac et à la nicotine dans l’ensemble de la population, en intervenant bien avant le début de la consommation.

La prévention primordiale désigne les stratégies en amont qui visent à s’attaquer aux causes profondes et aux environnements propices à la consommation de tabac et de produits nicotiniques avant même que les individus n’y soient exposés. Plutôt que de se concentrer uniquement sur le comportement individuel, ces stratégies interviennent aux niveaux social, environnemental et commercial, en perturbant les systèmes qui normalisent et encouragent la consommation de tabac et de nicotine.
Ce niveau de prévention est particulièrement crucial dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) comme la RDC, où les tactiques agressives de l’industrie du tabac, l’application limitée de la réglementation et les vulnérabilités socio-économiques convergent pour augmenter le risque au niveau de la population, en particulier chez les jeunes et les communautés rurales.
Pour prévenir le tabagisme en RDC, les stratégies doivent s’attaquer aux causes profondes : la dépendance économique au tabac, la faiblesse des réglementations et l’ingérence de l’industrie. Ce besoin est d’autant plus pressant qu’une population jeune, estimée à 112,8 millions d’habitants (d’ici 2025) est exposée à des risques élevés d’initiation au tabagisme.
Population de la RDC (1950 à 2025)
Source : Worldometer
Dans de nombreux pays à revenu faible et intermédiaire, dont la RDC, l’industrie du tabac continue de recourir à des tactiques bien établies pour cibler les jeunes, telles que la distribution d’échantillons gratuits, le parrainage d’événements communautaires et la commercialisation de produits aromatisés adaptés aux nouveaux consommateurs.
Malgré la ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en 2005 et l’arrêté ministériel n° 1250/CAB/MIN/SPHP/041/DCA/PNCLT/2022, les marques de tabac sont toujours visibles à proximité des écoles, sur les marchés publics et dans les médias locaux. Cette lacune réglementaire permet à l’industrie du tabac de façonner une perception favorable du public et de normaliser la consommation de tabac dans la vie quotidienne.Stratégies clés pour la prévention précoce : aperçu mondial
Les informations mondiales suivantes illustrent comment des mesures en amont ont été efficacement mises en œuvre pour réduire le tabagisme dans divers contextes.
- Promouvoir des cultures alternatives pour remplacer le tabac
- Interdiction de la publicité et du parrainage
- Taxation et contrôle des prix pour dissuader les jeunes de commencer à fumer
- Lois antitabac dans les lieux publics
- Mobilisation communautaire et plaidoyer
Promouvoir des cultures alternatives pour remplacer le tabac
Bien que la culture du tabac existe toujours en RDC, avec 3 479 tonnes produites en 2020, elle n’occupe que 0,03 % des terres agricoles. Cela reflète les options limitées dont disposent les agriculteurs des zones touchées pour gagner leur vie.
Des données mondiales montrent que le soutien apporté aux agriculteurs pour les aider à se convertir à d’autres cultures réduit la dépendance au tabac et renforce la résilience des zones rurales.Au Kenya, des programmes de soutien à des cultures telles que la patate douce et les légumineuses ont amélioré la stabilité des revenus. En Inde, la substitution de cultures dans l’État d’Andhra Pradesh a permis d’obtenir une rentabilité plus élevée grâce aux piments et aux arachides. Au Malawi, le soja et le paprika se sont révélés être des alternatives viables, en particulier lorsqu’ils sont soutenus par des coopératives et des contrats d’achat.Recommandation :
La RDC devrait mettre en œuvre un programme national visant à diversifier les cultures et à aider les producteurs de tabac à se tourner vers des alternatives plus durables et plus rentables, en s’inspirant des meilleures pratiques mondiales. Ce programme devrait inclure :
- une formation à la production de cultures alternatives et aux compétences agro-industrielles.
- l’accès aux intrants et au partage des équipements pour soutenir les nouvelles activités agricoles.
- des installations de stockage frigorifique pour réduire les pertes après récolte.
- un soutien à la commercialisation coopérative et aux contrats avec les acheteurs.
- des incitations politiques visant à réduire la dépendance au tabac et à promouvoir la résilience rurale à long terme.
Cette approche permettrait de réduire la dépendance à la culture du tabac, d’améliorer les revenus des agriculteurs et de s’aligner sur les priorités nationales en matière de santé publique.
Interdiction de la publicité et du parrainage
L’article 13 de la CCLAT de l’OMS fournit le fondement juridique d’une interdiction complète de toutes les formes de publicité, de promotion et de parrainage en faveur du tabac (TAPS).
Au niveau international, La loi ougandaise de 2015 sur la lutte antitabac est un exemple de prohibition stricte de la TAPS, qui contribue à réduire l’exposition du public malgré des difficultés d’application.
Le rapport 2016-2017 du Canada met en avant la surveillance et l’application de la loi au niveau fédéral, qui contribuent à réduire l’exposition des jeunes. La Turquie a associé son interdiction de la TAPS à un emballage neutre, ce qui a entraîné une réduction de la consommation de tabac. Aux Philippines, la circulaire conjointe 2010-01 a renforcé l’indépendance des politiques en limitant les interactions du gouvernement avec l’industrie du tabac et en exigeant la transparence.Recommandations pour renforcer la mise en œuvre de la TAPS :
- Mettre en oeuvre l’arrêté ministériel n°1250/CAB/ MIN/SPHP/ 041/DCA/PNCLT/2022
- Revoir et renforcer le décret ministériel n°008/CAB/MIN.INFO.PRES & COM.NAT./2007
- Mettre en place des organismes indépendants de surveillance et d’application afin de garantir un contrôle impartial du respect de la TAPS.
- Réaliser régulièrement des audits de conformité afin d’identifier et de traiter de manière proactive les violations.
- L’imposition de sanctions significatives en cas de non-respect dissuadera l’industrie du tabac d’interférer.
- Intégrer des mesures complémentaires, telles que des règles relatives au conditionnement neutre et à la transparence, dans les interactions du gouvernement avec l’industrie du tabac.
- Intégrer l’application des TAPS dans les systèmes d’inspection sanitaire existants afin d’optimiser les ressources et d’élargir la portée.
Taxation et contrôle des prix pour dissuader les jeunes de commencer à fumer
La taxation du tabac est une stratégie éprouvée et rentable, particulièrement efficace auprès des jeunes et des groupes à faibles revenus.
Des pays comme l’Afrique du Sud, les Philippines et le Mexique ont connu une forte baisse du tabagisme à la suite d’augmentations des taxes. L’OMS estime qu’une augmentation de 10 % du prix du tabac peut réduire la consommation de tabac jusqu’à 8 % dans les PRF, soulignant ainsi l’efficacité de la politique fiscale pour réduire la consommation.En RDC, le modèle TaxSiM fournit un outil de simulation spécifique au pays pour orienter les politiques fiscales sur le tabac fondées sur des données probantes.
En évaluant les impacts fiscaux et sanitaires de différents scénarios fiscaux, y compris les effets sur les nouveaux produits du tabac, il aide les décideurs politiques à élaborer des stratégies fiscales qui favorisent à la fois la santé publique et la génération de revenus durables, renforçant ainsi la fiscalité en tant que pilier essentiel des efforts mondiaux de prévention précoce.Lois antitabac dans les lieux publics
Des lois antitabac complètes protègent les non-fumeurs et contribuent à faire évoluer les normes sociales en matière de tabagisme. Des pays comme le Brésil et l’Irlande ont constaté une amélioration de la santé et une réduction du tabagisme après l’adoption de telles lois.
En RDC, l’application de ces lois est limitée, mais l’extension des zones sans tabac, en particulier dans les écoles, les hôpitaux et les transports publics, pourrait jouer un rôle clé dans le changement des comportements et la réduction de l’exposition.Mobilisation communautaire et plaidoyer
Les stratégies communautaires, en particulier lorsqu’elles sont soutenues par des dirigeants et des institutions de confiance, sont essentielles pour façonner les normes locales en matière de tabagisme. L’étude a souligné que l’engagement communautaire améliore la portée et l’efficacité des campagnes de santé publique.
Parmi les exemples d’engagement communautaire, on peut citer les engagements pris par les autorités locales en faveur de villages sans tabac et les partenariats avec des groupes religieux qui diffusent des messages antitabac lors des sermons, des groupes de jeunes ou des rassemblements publics.1. Aperçu du cas :
Au Sénégal, Malicounda Bambara a mis fin aux mutilations génitales féminines grâce à un dialogue communautaire mené par l’imam Demba Diawara.
Ce changement a été impulsé au niveau local et s’est avéré durable. Il démontre le pouvoir des leaders de confiance pour faire évoluer les normes sociales néfastes.2. Pertinence pour la lutte antitabac en RDC
La RDC pourrait adopter cette approche en collaborant avec les chefs religieux et traditionnels. Ces personnalités ont une influence considérable et peuvent promouvoir des normes antitabac. Leur implication pourrait réduire le tabagisme, en particulier chez les jeunes.
3. Canaux de communication
- Combiner le leadership communautaire avec la radio locale et les outils de sensibilisation.
- Utiliser des messages adaptés à la culture pour impliquer les groupes ruraux et peu alphabétisés. Cette approche peu coûteuse garantit une large portée et renforce la confiance de la communauté.
La prévention primaire désigne les interventions visant à empêcher les individus de commencer à fumer, en mettant particulièrement l’accent sur les jeunes et les autres populations vulnérables. Contrairement aux stratégies secondaires ou tertiaires, qui s’adressent aux fumeurs actuels, la prévention primaire intervient avant le début du tabagisme et cible la sensibilisation, les attitudes et la prise de décision à un stade précoce. Institut de recherche sur le travail et la santé (ITS) définit la prévention primaire comme les mesures prises pour prévenir l’apparition d’une maladie ou d’un comportement nocif en réduisant l’exposition aux facteurs de risque.
En RDC, les efforts de prévention primaire se heurtent à des défis majeurs, notamment la faible sensibilisation du public, la mise en œuvre insuffisante des politiques et les tactiques de marketing agressives de l’industrie du tabac. L’exposition des jeunes à la publicité pour le tabac reste très répandue, plus de 40 % des adolescents déclarant avoir vu des promotions pour le tabac à proximité des écoles ou dans les espaces publics.
Et la plupart des fumeurs commencent avant l’âge de 18 ans, ce qui rend indispensable une intervention précoce.Pour bien comprendre l’intérêt de la prévention précoce du tabagisme, il est important de prendre en compte non seulement les conséquences sur la santé, mais aussi les implications économiques plus larges.
Le tabagisme impose un lourd fardeau à des pays comme la RDC, compromettant à la fois la santé publique et à la stabilité économique. Si les effets sanitaires sont largement documentés, les impacts économiques demeurent sous-estimés. Investir dans la prévention primaire est non seulement un impératif de santé publique, mais aussi une stratégie économiquement judicieuse. La CCLAT de l’OMS a élaboré des analyses de rentabilité pour différents pays à travers le monde qui examinent à la fois les coûts sanitaires et économiques du tabagisme, ainsi que les avantages économiques potentiels de la mise en œuvre de mesures de prévention clés. Ces analyses fournissent aux décideurs politiques des données nationales pour éclairer l’élaboration des politiques de lutte contre le tabagisme.
En outre, une étude analysant 21 PRFIs, a également révélé que la mise en œuvre des stratégies de réduction de la demande et de prévention de la CCLAT de l’OMS aurait un retour sur investissement positif dans tous les pays analysés. Cela signifie que les avantages économiques, tels que la réduction des coûts de santé et l’augmentation de la productivité, l’emportent sur les coûts de mise en œuvre de ces politiques de lutte contre le tabagisme.
Une intervention précoce, en particulier avant l’âge de 18 ans, est essentielle à la prévention primaire. Selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les ministères de l’Éducation peuvent jouer un rôle important dans la mise en œuvre de l’interdiction de fumer dans les écoles et l’intégration de la prévention dans les programmes scolaires. Les résultats d’une étude Cochrane portant sur plus de 140 000 élèves montrent que les programmes scolaires, en particulier ceux qui renforcent la résistance des pairs, réduisent efficacement le tabagisme.
En Indonésie, un programme ciblant les garçons de 12 à 13 ans a entraîné une augmentation de 6,5 % de l’abstinence et des retombées économiques importantes.De même, l’application de politiques antitabac dans les écoles de 43 pays est corrélée à une baisse du tabagisme chez les jeunes, et la stratégie nationale Drug-Free Iceland, mise en œuvre dans les écoles entre 1997 et 2002, a permis de réduire considérablement le taux de tabagisme chez les jeunes, avec des effets durables.
En RDC, où les jeunes représentent une grande partie de la population, la prévention en milieu scolaire devrait être une priorité nationale pour la lutte à long terme contre le tabagisme.

Ces résultats renforcent la nécessité pour des pays comme la RDC d’adopter des interventions structurées et fondées sur des données probantes qui préviennent le tabagisme avant qu’il ne commence.
Stratégies clés pour la prévention primaire : aperçu mondial
Pour être efficace, la prévention primaire doit être adaptée au contexte et s’appuyer sur les meilleures pratiques mondiales. Les approches suivantes ont donné de bons résultats dans divers contextes et constituent des modèles adaptables que la RDC pourrait adopter.
- Campagnes d’éducation sanitaire ciblant les jeunes
- Programmes de prévention du tabagisme en milieu scolaire et dans les programmes d’études
- Interventions comportementales axées sur la famille
- Interventions mobiles et numériques pour les adolescents
- Restrictions à la vente aux mineurs
Campagnes d’éducation sanitaire ciblant les jeunes
Les campagnes menées dans les médias et par les pairs se sont avérées efficaces pour modifier la perception des jeunes vis-à-vis du tabagisme. Une revue systématique et une méta-analyse récentes portant sur 476 études ont montré que les campagnes anti-tabac, l’interdiction de fumer, les avertissements sanitaires et les augmentations de taxes figurent parmi les politiques les plus efficaces à l’échelle de la population pour réduire le tabagisme, avec des preuves cohérentes de leur impact positif sur les taux de sevrage, la prévalence du tabagisme et les ventes de tabac.
Ces campagnes sont plus efficaces lorsqu’elles recourent à des récits centrés sur les jeunes, utilisent les langues locales et un contenu élaboré de manière participative.Programmes de prévention du tabagisme en milieu scolaire et dans les programmes d’études
Les écoles constituent un point d’entrée stratégique pour la prévention primaire, car elles offrent des occasions régulières d’influencer les attitudes des jeunes à l’égard du tabagisme.
L’intégration de la prévention du tabagisme dans les programmes scolaires, en particulier à l’aide de modules interactifs axés sur les compétences de vie, la résistance à la pression des pairs et la pensée critique, a permis de réduire considérablement le nombre de nouveaux fumeurs dans des pays comme la Finlande et l’Inde. Ces programmes sont plus efficaces lorsqu’ils sont soutenus par des politiques éducatives nationales et dispensés par des éducateurs formés.Interventions comportementales axées sur la famille
L’implication des parents renforce l’efficacité des interventions axées sur les jeunes. Des programmes tels que Family Matters aux États-Unis ont montré que des conversations structurées entre les personnes qui s’occupent d’adolescents et ces derniers sur le tabagisme peuvent renforcer leur capacité à refuser et réduire l’expérimentation.
Dans les contextes où le tabagisme est normalisé au sein du foyer, les approches axées sur la famille ou thérapie familiale permettent également de briser les cycles intergénérationnels de consommation.Interventions mobiles et numériques pour les adolescents
Avec l’expansion de l’accès aux téléphones portables dans de nombreux PRFI, les outils numériques sont apparus comme des méthodes de prévention évolutives et rentables. En Inde et en Afrique du Sud, des campagnes par SMS et des applications mobiles interactives ont été testées afin de diffuser des contenus adaptés à l’âge, des messages motivants et des incitations comportementales visant à réduire le tabagisme chez les jeunes.
Ces outils peuvent être adaptés aux dialectes locaux, aux références culturelles et aux niveaux d’alphabétisation numérique.En RDC, les plateformes de santé mobiles existantes, telles que m-Jang et U-Report, ont été utilisées pour promouvoir la santé maternelle, l’engagement des jeunes et la prévention des maladies.
Ces plateformes pourraient être adaptées pour inclure des messages de prévention du tabagisme destinés aux adolescents, en particulier dans les régions à forte pénétration mobile. L’alignement du contenu sur le tabagisme avec des initiatives plus larges en matière de santé des jeunes pourrait améliorer l’adoption et la durabilité de ces mesures.Restrictions à la vente aux mineurs
Les interdictions légales de vente de tabac aux moins de 18 ans sont essentielles à la prévention primaire. Cependant, en l’absence d’une application rigoureuse, ces lois sont souvent inefficaces. Au Brésil et en Turquie, la combinaison d’un cadre législatif clair et de contrôles réguliers du respect des règles par les vendeurs, assortis de sanctions, effectives a permis de réduire considérablement les ventes illégales aux mineurs.
La RDC peut s’inspirer de ces expériences en renforçant les systèmes de délivrance de licences et en impliquant les communautés dans la surveillance et l’application de la loi. Pour renforcer ces efforts, des programmes familiaux et une sensibilisation communautaire peuvent lutter contre la normalisation du tabagisme à domicile. La promotion d’environnements domestiques sans tabac et la sensibilisation des personnes en charge d’enfants renforcent la réalisation d’objectifs de prévention plus larges.Ensemble, ces interventions constituent une feuille de route pour la mise en œuvre d’une prévention primaire complète en RDC. Associées à des mesures politiques en amont, elles peuvent créer des environnements protecteurs qui retardent ou empêchent le début du tabagisme et réduisent les charges à long terme pour la santé publique.
La prévention secondaire vise à identifier et à soutenir les personnes qui consomment régulièrement des produits du tabac et de la nicotine, mais qui n’ont pas encore développé une dépendance à long terme ou une maladie. Cette étape est cruciale pour réduire la progression de la consommation et prévenir les conséquences chroniques sur la santé. Institut de recherche sur le travail et la santé (ITS) définit la prévention secondaire comme une intervention précoce visant à détecter et à traiter les comportements à risque à un stade précoce afin d’enrayer toute aggravation.
La consommation de tabac et de nicotine en RDC demeure une préoccupation majeure, comme le confirment plusieurs enquêtes nationales, notamment l’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes (GYTS) 2008,
l’enquête démographique et sanitaire (DHS) 2014, l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) 2017-2018, et l’enquête DaYTA (Data on Youth and Tobacco in Africa) 2024. Ces études fournissent des informations importantes sur les modes de consommation et l’exposition. Pour explorer les résultats détaillés et suivre les tendances, veuillez consulter la page TCDI DRC Prevalence ici.Stratégies clés pour la prévention secondaire : aperçu mondial
- Interventions brèves des professionnels de santé
- Services d’aide à l’arrêt du tabac et outils mobiles
- Pharmacothérapie pour les utilisateurs à un stade précoce
- Dépistage et conseil lors des consultations cliniques
- Campagnes de sevrage dans les médias de masse
Interventions brèves des professionnels de santé
De brèves conversations lors des consultations médicales de routine peuvent considérablement augmenter les tentatives d’arrêt du tabac, en particulier lorsqu’elles sont menées avec empathie et suivies d’un accompagnement. Le modèle britannique Very Brief Advice (VBA, conseils très brefs), Ask, Advise, Act (Demander, conseiller, agir), a démontré son efficacité en moins de cinq minutes.
Une approche similaire pourrait être adaptée dans les structures de soins primaires en RDC, en particulier dans les services de santé maternelle et ambulatoires.Un autre modèle qui pourrait également être adopté pour le sevrage tabagique et nicotinique :
The 5As for tobacco and nicotine cessation:
- Demander si la personne fume.
- Informer sur les avantages de l’arrêt du tabac et les risques liés à la poursuite de la consommation.
- Évaluer la motivation à arrêter
- Aider en proposant des ressources, des conseils ou des médicaments.
- Organiser un suivi et un soutien continu
Remarque : Les messages doivent être adaptés en fonction de l’âge, du sexe et du contexte culturel afin d’accroître leur efficacité.
Services d’aide à l’arrêt du tabac et outils mobiles
Les services d’aide à l’arrêt du tabac et les outils mobiles sont des solutions efficaces et évolutives pour aider les gens à arrêter de fumer, en particulier dans les milieux défavorisés où le soutien en personne est limité. Ces outils offrent des conseils, de la motivation et des astuces pour arrêter de fumer par le biais d’appels téléphoniques, de SMS ou d’applications.
- La ligne d’aide nationale sud-africaine, gérée par le Conseil national contre le tabagisme, offre des conseils gratuits par téléphone et par SMS. Elle s’adresse aux utilisateurs urbains et ruraux et a démontré son efficacité pour encourager les tentatives de sevrage.
- Le programme indien mCessation envoie des SMS motivants en plusieurs langues à plus de 2 millions d’utilisateurs. Il est relié à la ligne d’aide nationale et aide les utilisateurs à suivre leurs progrès et à gérer leurs envies.
- L’application quitSTART du CDC américain aide les jeunes utilisateurs grâce à un suivi ludique de leur comportement, des rappels et des plans personnalisés pour arrêter de fumer.
- La Smokers’ Helpline et QuitNow BC au Canada combinent des services d’aide en direct avec un accompagnement par SMS et un chat en ligne.
Bien que la RDC ne dispose pas encore de services nationaux d’aide à l’arrêt du tabac, des programmes similaires pourraient être adaptés. Un modèle SMS à faible coût, relié à des cliniques de santé, pourrait offrir des messages hebdomadaires, un soutien et des ressources en langue locale pour aider les utilisateurs à arrêter de fumer. Un partenariat avec des cliniques confessionnelles, qui ont une large portée dans les zones rurales, pourrait encore élargir l’accès et renforcer la confiance, en particulier dans les communautés défavorisées.
Pharmacothérapie pour les utilisateurs à un stade précoce
La thérapie de substitution nicotinique (TSN) et les médicaments tels que la varénicline et le bupropion se sont révélés efficaces pour atténuer les symptômes de sevrage et accroître la probabilité de réussite du sevrage tabagique.
Bien que l’accès à la pharmacothérapie soit souvent limité dans les PRFI, des programmes pilotes menés dans des pays comme la Jordanie et le Vietnam ont montré que même une distribution à petite échelle de TSN peut améliorer les taux d’arrêt, en particulier lorsqu’elle est associée à des conseils.Le ministère congolais de la Santé pourrait envisager de subventionner l’accès à la TSN et de réduire les coûts de sevrage, en particulier pour les utilisateurs à faibles revenus, afin de garantir le soutien équitable aux personnes qui souhaitent arrêter de fumer. Il est également impératif d’intégrer la lutte antitabac dans le système de santé primaires à travers le paquet minimum d’activités (PMA) et paquet complémentaire d’activités (PCA) dans les zones de santé. La RDC a déjà développé une approche intégrée de prévention et prise en charge des toxicomanes dont le tabagisme, et renforcer cette approche sera d’une grande utilité pour les fumeurs voulant arrêter.
Dépistage et conseil lors des consultations cliniques
Le dépistage systématique du tabagisme lors des soins maternels, des consultations pédiatriques et des consultations externes permet d’identifier les premiers consommateurs. Dans le cadre du programme mCessation en Inde, le dépistage intégré aux soins prénatals a permis d’identifier les femmes enceintes exposées au tabac et de les orienter vers un soutien mobile pour arrêter de fumer.
Cette approche est particulièrement pertinente en RDC, où l’exposition maternelle et l’exposition des enfants à la fumée secondaire sont des préoccupations croissantes.Campagnes de sevrage dans les médias de masse
Les campagnes publiques ciblant les fumeurs actuels et occasionnels peuvent renforcer la motivation à arrêter de fumer et orienter les utilisateurs vers des services. Une revue systématique de l’efficacité des avertissements sanitaires illustrés a révélé que ces avertissements augmentaient considérablement la perception des méfaits du tabac et l’intention d’arrêter de fumer, en particulier lorsqu’ils étaient associés à un contenu émotionnellement fort, tel que des témoignages.
Les efforts de sevrage tabagique menés dans les médias sont particulièrement utiles dans les zones rurales ou peu alphabétisées lorsqu’ils sont diffusés à la radio ou dans des émissions communautaires.Pour renforcer leur impact, les avertissements illustrés sur les paquets de tabac devraient également être rédigés dans les langues locales afin d’atteindre plus efficacement les fumeurs ruraux.
La prévention tertiaire cible les personnes déjà atteintes de maladies liées au tabac, dans le but de réduire les complications, de ralentir la progression de la maladie et d’améliorer la qualité de vie. Ce niveau d’intervention est essentiel pour minimiser le fardeau sanitaire et économique à long terme associé aux maladies chroniques causées ou aggravées par le tabagisme, telles que les maladies cardiovasculaires, les maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) et le cancer. Selon Institut de recherche sur le travail et la santé (ITS), la prévention tertiaire vise à réduire l’impact à long terme d’une maladie ou d’une blessure en cours en aidant les individus à gérer des problèmes de santé complexes et chroniques et à améliorer leur qualité de vie.
En RDC, les maladies et la mortalité attribuables au tabac restent une préoccupation croissante, mais les données complètes sur le fardeau sont encore limitées. Pour explorer les dernières données disponibles sur les effets sur la santé, veuillez consulter la page consacrée à la RDC sur le site web de TCDI, ici.
Stratégies clés pour la prévention tertiaire : perspectives mondiales
La prévention tertiaire s’appuie sur plusieurs interventions complémentaires:
- Thérapie comportementale intensive pour les gros consommateurs ou les consommateurs de longue date
- Intégration de l’aide au sevrage tabagique dans les soins liés aux maladies non transmissibles (MNT)
- Aide au sevrage tabagique pour les patients hospitalisés ou atteints de maladies chroniques
- Soins palliatifs pour les maladies liées au tabac
Thérapie comportementale intensive pour les gros consommateurs ou les consommateurs de longue date
Pour les consommateurs de tabac de longue durée, les interventions brèves peuvent s’avérer insuffisantes. Une thérapie comportementale structurée, dispensée en plusieurs séances par des conseillers ou des psychologues qualifiés, a donné des résultats significatifs dans des pays comme les États-Unis et l’Allemagne.
Ces programmes comprennent souvent des stratégies d’adaptation, la prévention des rechutes et l’intégration de la santé mentale. De tels modèles pourraient être adaptés aux hôpitaux de référence urbains en RDC dans le cadre des cliniques spécialisées dans les MNT.Intégration de l’aide au sevrage tabagique dans les soins liés aux maladies non transmissibles (MNT)
Des pays comme la Thaïlande et le Brésil ont réussi à intégrer l’aide au sevrage tabagique dans les soins de routine prodigués aux patients atteints de MNT.
Par exemple, les services de cardiologie et d’oncologie procèdent systématiquement à un dépistage du tabagisme et proposent des conseils et un traitement pharmacologique. En RDC, où les soins liés aux MNT se développent grâce à des cliniques spécialisées, l’intégration de protocoles de sevrage dans les parcours de prise en charge des patients pourrait améliorer le rétablissement et réduire les réadmissions. Pour soutenir la mise en œuvre, il est essentiel de transférer certaines tâches aux infirmières et aux agents de santé communautaires, afin de garantir la cohérence des interventions brèves, même dans les milieux où les ressources sont limitées.Aide au sevrage tabagique pour les patients hospitalisés ou atteints de maladies chroniques
L’hospitalisation offre une occasion propice à l’apprentissage et au changement de comportement. Des données provenant du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud montrent que le fait de proposer des conseils pour arrêter de fumer et une TRN pendant l’hospitalisation, en particulier aux patients atteints de maladies liées au tabagisme, peut considérablement augmenter le taux de réussite et réduire les taux de complications.
En RDC, cette approche pourrait être testée dans les hôpitaux provinciaux et adaptée à des pathologies telles que les accidents vasculaires cérébraux, la tuberculose et les infections respiratoires.L’aide au sevrage tabagique devrait être intégrée dans les protocoles hospitaliers afin de garantir des soins cohérents et des bénéfices à long terme pour la santé.
Soins palliatifs pour les maladies liées au tabac
Pour les patients atteints de maladies avancées liées au tabac, les soins palliatifs se concentrent sur la gestion de la douleur, le soutien psychologique et la dignité dans les soins de fin de vie. La stratégie nationale de soins palliatifs du Rwanda offre un modèle pour les contextes où les ressources sont limitées.
En RDC, la formation des agents de santé de première ligne aux compétences palliatives de base et leur intégration dans les structures de santé communautaires pourraient améliorer la qualité de vie des tabagiques en phase terminale.Indicateurs nationaux sur le tabagisme chez les jeunes en RDC
Des données nationales fiables et actualisées sont essentielles pour évaluer le tabagisme chez les jeunes et concevoir des stratégies de prévention efficaces. Si plusieurs enquêtes contribuent à dresser ce tableau, les enquêtes nationales auprès des ménages fournissent les informations les plus récentes sur les comportements liés au tabac chez les adolescents et les jeunes en RDC.
Ces enquêtes permettent de saisir des dimensions clés telles que :
- La prévalence ventilée de la consommation de tabac et de nicotine, y compris les données par type de produit, sexe, âge, zone urbaine/rurale, niveau d’éducation, statut socio-économique, province et raisons déclarées de la consommation de tabac
Pour explorer l’ensemble des indicateurs et suivre les tendances, veuillez vous référer à la page Prévalence pour la RDC sur le site web du TCDI ici.
Proposition de tableau de bord interactif
Afin de soutenir la planification et la promotion au niveau national, nous proposons un tableau de bord interactif qui évalue les progrès réalisés en matière de lutte antitabac dans cinq domaines clés. Chaque domaine est noté sur une échelle de 0 à 3 (0 = aucune mesure, 1 = mesures d’entame, 2 = progrès modérés, 3 = mise en œuvre solide), avec un code couleur pour aider à visualiser les points forts et les points faibles (Les couleurs correspondent aux scores : rouge = aucune action, jaune = premières mesures, orange = progrès modérés, vert = mise en œuvre solide) :
Ce tableau de bord peut servir d’outil visuel de plaidoyer et de planification. Les ministères de la Santé et de l’Éducation, les acteurs de la société civile et les partenaires au développement peuvent l’utiliser pour identifier les domaines d’action prioritaires et suivre les progrès réalisés au fil du temps. Il peut également être adapté sous forme de tableau de bord numérique pour des mises à jour en temps réel et l’engagement des parties prenantes. Afin de maximiser son impact, les efforts de renforcement des capacités doivent être dirigés vers les enseignants et les organisations de la société civile afin de garantir qu’ils puissent interpréter et appliquer efficacement le tableau de bord dans leur contexte local.
Ce module fournit des informations ciblées aux principaux groupes de parties prenantes chargés d’élaborer, de financer et de mettre en œuvre des stratégies de prévention du tabagisme chez les jeunes. Il intègre les meilleures pratiques, les arguments économiques et les mesures concrètes visant à renforcer l’action multisectorielle.
Ce que les ministères de l’Éducation doivent savoir
Législation type : les ministères de l’Éducation devraient adopter des politiques visant à instaurer et à faire respecter l’interdiction totale de fumer dans les écoles. Des lois types, telles que celles mises en œuvre en Inde et aux Philippines, interdisant t la vente de tabac à proximité des écoles et proscrivant le parrainage d’événements liés à l’école.
Arguments économiques : La prévention du tabagisme par l’éducation génère un retour sur investissement à long terme, comme indiqué précédemment. Selon l’OMS et le PNUD, la prévention du tabagisme chez les jeunes par le biais de politiques et de programmes scolaires réduit les coûts de santé liés au tabac, augmente la productivité sur l’ensemble de la vie et renforce le capital humain.
Intégration dans les politiques nationales : L’intégration de l’éducation sur le tabac dans les programmes scolaires nationaux est à la fois faisable et efficace. Des pays comme le Canada ont intégré l’éducation à la santé et des politiques antitabac dans leur stratégie nationale, ce qui a permis de réduire le taux de tabagisme chez les adolescents.
Ce que les ministères de la Santé et des Finances doivent savoir
Planification intersectorielle : La collaboration avec le secteur de l’éducation est essentielle pour assurer une intervention précoce et durable. La consommation de tabac commence souvent avant l’âge de 18 ans, et une prévention efficace en termes de coûts nécessite d’atteindre les adolescents dès leur plus jeune âge par le biais de la promotion de la santé dans les écoles.
Avantages économiques : les investissements dans la prévention peuvent produire un retour sur investissement de 12 à 20 fois supérieur en termes de coûts de santé économisés et d’augmentation de la productivité au fil du temps.
L’affectation d’une partie des recettes fiscales provenant du tabac à l’éducation en matière de santé publique et aux programmes de sevrage tabagique peut renforcer et soutenir ces efforts.Politiques fondées sur des données : le suivi et l’évaluation des programmes scolaires constituent des leviers essentiels pour orienter la stratégie nationale et guider l’allocation des ressources. Les données disponibles issues d’enquêtes fournissent des informations utiles, mais leur couverture et leur fréquence restent limitées. Il est recommandé de collecter régulièrement et de manière plus approfondie des données, à l’aide d’outils tels que des tableaux de bord, afin de suivre les progrès et d’éclairer l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes. Il est recommandé d’utiliser des tableaux de bord et de collecter des données périodiquement.
Ce que les organisations de la société civile (OSC) et les enseignants doivent savoir
Engagement scolaire : Les enseignants sont les agents de changement de première ligne. Lorsqu’ils sont formés et équipés, ils peuvent transmettre des messages de prévention efficaces et contribuer à créer une culture de la santé dans les écoles.
Sensibilisation communautaire : Les acteurs de la société civile peuvent amplifier les efforts de prévention en :
- Promouvant des environnements sans tabac
- Surveillant la publicité/la vente aux mineurs
- Soutenant la sensibilisation des parents et des enseignants et de nombreuses autres manières.
Témoignages locaux
La société civile en RDC s’implique, depuis longtemps un rôle dans la lutte contre le tabagisme et la consommation de substances psychoactives, même si ses efforts étaient initialement fragmentés et manquaient de coordination. Face à une industrie du tabac bien financée et stratégique, les premières actions de plaidoyer de la société civile ont souvent peiné à avoir une influence durable.
Depuis 2014, cependant, un changement s’est opéré. Une coalition de organisations non gouvernementales s’est constituée pour former l’ACCT (Alliance pour le contrôle du tabac), une plateforme dédiée à la lutte contre le tabagisme et la toxicomanie. Cette alliance est depuis devenue un acteur central des campagnes de sensibilisation et des efforts d’engagement politique.
L’ACCT a notamment contribué à l’élaboration et à l’adoption de la loi-cadre de 2018 sur la santé publique, qui intègre des mesures antitabac essentielles, marquant ainsi l’une des premières victoires législatives majeures en matière de lutte contre le tabagisme dans le droit congolais.L’ACCT continue de travailler en partenariat avec le ministère de la Santé et le Programme national de lutte contre la toxicomanie et les substances toxiques, dans le but d’améliorer la prise en charge médicale et sociale des personnes touchées par la toxicomanie. Cette approche vise à réduire les méfaits globaux du tabagisme, en particulier chez les jeunes.
Témoignage : LSFT (Ligue pour la santé des fumeurs et autres toxicomanes)
La Ligue pour la santé des fumeurs et autres toxicomanes (LSFT) est un exemple notable d’engagement communautaire. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale créée en 2007 par un ancien fumeur et toxicomane. S’appuyant sur son expérience personnelle, le fondateur a transformé son rétablissement en un puissant outil de plaidoyer en aidant d’anciens consommateurs à se lancer dans l’entrepreneuriat agro-pastoral et à sensibiliser leurs pairs. Malgré des ressources limitées, la LSFT continue de sensibiliser les jeunes aux effets nocifs du tabac et de la toxicomanie, contribuant ainsi à changer les comportements au niveau local.
Ces témoignages soulignent le rôle essentiel de la société civile dans l’élaboration de la lutte antitabac à partir de la base, ancrée à la fois dans les réalités communautaires et dans le plaidoyer institutionnel.
Recommandations :
- Afin d’amplifier ces efforts, il convient de recueillir des témoignages dans plusieurs langues locales.
- Diffuser le contenu par le biais de campagnes médiatiques nationales afin de toucher un public plus large et de promouvoir des récits auxquels les communautés peuvent s’identifier.
Conclusion
Cette page présente une approche prospective de la prévention du tabagisme en RDC, qui va au-delà du traitement des symptômes et s’attaque plutôt aux causes profondes du tabagisme. À l’aide d’un cadre de prévention à quatre niveaux, elle propose des stratégies pratiques et évolutives pour réduire l’exposition, retarder l’initiation chez les jeunes et gérer les effets à long terme sur la santé, en particulier dans les milieux défavorisés.
Le succès de cette approche ne dépend pas uniquement du secteur de la santé. Les ministères de la Santé, de l’Éducation et des Finances doivent travailler ensemble, en partageant leurs plans, leurs budgets et leurs responsabilités, afin de mettre en place une réponse nationale forte et unifiée. Pour réaliser des progrès durables, le gouvernement doit faire preuve d’un leadership fort, s’engager à fournir un financement régulier et veiller à ce que la société civile, les communautés locales et les partenaires de développement soient pleinement impliqués. Fondé à la fois sur les réalités locales et les données mondiales, ce cadre jette les bases d’un avenir plus sain et sans tabac pour la RDC.